Paons & faisans aux Vindrins

Quand fut construit le « chalet des Vindrins », le style « Belle Epoque » battait son plein et la villa ressemblait à s’y méprendre à une demeure de la côte  normande. Elle fut démolie à peine achevée et les matériaux servirent à construite le Chalet du Moulin au Perray-en-Yvelines:

Très courtoisement, le Syndicat d’Initiative du Perray nous communique le texte suivant et la photo ci-jointe.

« Monsieur Marest, Maire Honoraire du Perray-en-Yvelines, passionné par l’histoire de sa commune, nous conte ci-dessous la vie de ce chalet connu egalement sous le nom de « Maison Leray ».

… La fin du Chalet du Moulin – Tristes destinées que celles du chalet des Vindrins à Auffargis et du chalet du Moulin, au Perray, le second issu du premier, l’un et l’autre rasés par la main des hommes.
« 

Remontons le cours du temps: au lendemain de la guerre 1870-1871, la Baronne Nathaniel de Rothschild et son tils Arthur né en 1851 achètent à la Croix Saint-Jacques, au Perray, une modeste maison qu’ils aménagent en un confortable rendez-­vous de chasse. Le Baron Arthur siègera au Conseil Municipal de 1878 à 1884. II résidera ensuite à l’Abbaye des Vaux de Cernay, dont sa mère a fait l’acquisition. Au sortir de l’adolescence, il s’est épris d’une femme mariée, de basse naissance. Mise au ban de sa famille, elle ne franchira le seuil de l’Abbaye qu’après la mort de la Baronne Nathaniel en 1899. Tout de suite, dit-on, elle s’ennuie dans ce cadre grandiose et austère. Que son fortuné amant lui fit construire un chalet sur les hauteurs d’Auffargis et le lui léguat avec l’ensemble de ses biens propres comblerait ses désirs… et assurerait son avenir, d’autant que le Baron aborde, chancelant, les rivages de la cinquantaine.
S’élève alors, au lieu-dit les Vindrins, un somptueux chalet, bâti sur quatre niveaux, de style néo-normand. L’immeuble est à peine achevé quand le Baron Arthur rend le dernier soupir en 1903. Son neveu et héritier, le Baron Henri, docteur en médecine et futur maire d’Auffargis, négocie avec l’exécrée maîtresse de son oncle le rachat de l’ensemble des biens dont elle a hérité. Voulant supprimer, à jamais, toute trace tangible de ces amours maudites, il ordonne, en 1904. la destruction du chalet des Vindrins.

Dans le même temps, au Perray, se bat courageusement une jeune veuve, Julienne Leray, qui a pris la tête de l’entreprise de menuiserie charpenterie de son mari, le maître charpentier François Leray, mort prématurément à l’âge de 40 ans en 1896. Ses deux fils, Georges et Albert, âgés de 19 et 17 ans, dont le savoir professionnel est déjà reconnu, travaillent, à la suite de leur père, pour les chatelains des Vaux de Cernay. Sans doute est-ce pour venir en aide à cette famille méritante que le Baron Henri, d’un naturel généreux, concède à la veuve Leray l’exploitation des matériaux provenant de la démolition du chalet des Vindrins.

Ainsi se trouvera édifié au Perray, rue du Moulin (aujourd’hui 17, rue de l’Eglise) près de la voie ferrée Paris-Brest, un chalet, certes de dimensions modestes comparé à celui des Vindrins, mais de même style architectural: le chalet du Moulin. Cette proximité immédiate de la ligne conduira, quelques 75 ans plus tard, la S.N.C.F. à acquérir la propriété dans une perspective de quadruplement des voies. Dès 1980, la petite maison de plain-pied, sise entre la grande villa et la ligne était abattue et la 3ème voie à quai construite. Le même sort devant être réservé au chalet quand les plans de la 4ème voie seront extraits des cartons pour leur exécution.

Mais depuis des lustres l’immeuble manque d’entretien. L’entreprise a fermé ses portes en 1947 ; l’atelier de menuiserie désaffecté (situé à l’emplacement de la section de la rue de l’Abreuvoir ouverte en 1980), devenu remise de voitures, a été ravagé par un incendie le 29 juin 1977 : un malheureux homme, qui venait y dormir de temps à autre, a péri carbonisé. Au gré des intempéries, le chalet subit les outrages du temps. Chaque rafale de vent arrache des lambeaux de toiture ; les tuiles de bois jonchent le sol et se ramassent à la pelle comme les feuilles mortes a l’automne ! Inhabité depuis 1993, les méfaits du vandalisme noircissent encore ce sombre tableau : on s’achemine vers le dépôt d’un permis de démolir un immeuble en péril. II sera delivré le 19 juillet 1996. Le lundi 23 septembre, à 2 heures du matin, dans la fraîcheur humide de la nuit et la lumière crue des projecteurs, les griffes redoutables de la pelle de chantier agrippent le dernier pan de mur encore debout. II s’effondre en soulevant du sol, pour y retomber, un nuage de poussière poudreuse : le chalet du Moulin a vécu ! Le jour levé, un désolant spectacle s’offre aux yeux des passants, consternés de voir cette maison – qui hier encore avait belle allure, malgré ses blessures – réduite a un monceau de gravois.

Une dame ne peut retenir ses larmes en pensant à Juliette, Yvette, Odette, ses amies d’enfance, filles de Georgette, soeur jumelle de Georges Leray. La destruction de leur maison ravive sa peine de les avoir perdues. Un ancien du Perray égrène des souvenirs : les derniers jours de Julienne Leray, décédée chez elle, le 6 avril 1947 à l’âge de 85 ans, la mort a l’hôpital de Rambouillet de son fils Albert, septuagenaire, dix ans plus tard, celle de sa fille Georgette épouse de Charles Delaisse le 30 mars 1960. II s’attarde à évoquer une cérémonie dépouillée mais chargée d’émotion : le 18 mai 1966, dans sa salle à manger, sans apparat ni discours, Georges Leray, « gueule cassée » de 14-18, reçoit des mains de René Bondon, déporté résistant, Commandeur de la Légion d’Honneur, la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur. Poignante rencontre de combattants de deux générations, le cadet, rescapé des camps de mort nazis, donnant l’accolade à son aîné, rescapé de l’enfer de Verdun.

Georges Leray, veuf sans enfants, s’éteindra à son domicile le 7 février 1973 dans sa 89ème année. Les frères Leray sont morts sans laisser de descendance. En revanche leurs trois nièces ont eu des enfants. Interrogé,  Bernard Truchot, fils d’Odette, le seul des arrière-petits-enfants de François et Julienne Leray à résider dans la commune, précise qu’avec ses parents et ses deux frères. il a vécu une partie de sa jeunesse dans la petite maison, attenante au chalet, détruite en 1980 pour permettre la construction de la voie à quai.

De 1983 a 1993, décennie durant laquelle la commune a été locataire de la S.N.C.F., nombre de nos concitoyens ont franchi la porte du chalet où le bois, noble matériau, règne en maître. Ils ont pu admirer à loisir le parquet de chêne à point de Hongrie et le plafond en marqueterie de la salle mise à la disposition du Syndicat d’lnitiative, dans laquelle les lauréats du concours des maisons fleuries reçoivent leurs prix. Certains, après avoir monté le grand escalier et effleuré, pour le plaisir tactile, sa rampe large et lisse, se permettent de pénétrer dans le grenier pour voir de près la charpente, travail remarquable, objet de I’hommage des professionnels… Grâces soient rendues à la Maison Leray, berceau de la bibliothèque (du Perray). Pendant 90 ans le chalet du Moulin aura fait partie du paysage perrotin. Son emplacement restera un lieu de mémoire.

Restent la « ferme des Vindrins » et son centre d’élevage écotoxicologique de l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) et de somptueux habitants 😉

 

AVIS: les trois photographies suivantes ont été supprimées ce jour, 20 novembre 2006, sur demande expresse du propriétaire des paons:
« AlainTHEME | Proprietaire des paons, je souhaiterais que vous me contactiez ,car je prefererais que ces photos soient supprimees de votre site,je suis a votre disposition pour des explications. Merci et a bientot. »
Photographies supprimées: « Monsieur et Madame P sur un balcon » – « Pause-photo pour la vigie ! » – « Tiens tiens, que vois-je donc ??? Revoici les reporters d’auffargis.com ! »

8 commentaires sur “Paons & faisans aux Vindrins

  1. Bonjour. Je connais bien cette ferme pour y être passé lors de mes promenades et j’igorais bien entendu tout de cette romanesque histoire… On en apprend tous les jours (presque) sur ton blog.

  2. J’aime bcp les paons, j’ai d’ailleurs quelques plumes de leurs queue (avec l’oeil) chez moi. Et en regardant tes photos, je me prends à réver que j’ai un paons de compagnie chez moi, dans on jardin…….

  3. en tant que guide j’aime faire visiter le patrimoine culturel, cultuel (églises, temples, synagogues..) et industriel voire agricole… si j’emmène mes « victimes » visiter Minerve je ne manque pas de m’arrêter chez un producteur de vin qui nous explique ses techniques et nous prouve, verre à l’appui que sa production est fameuse… dans son mas il y a un couple de paons et de temlps à autre monsieur paon se perche sur une branche au dessus de son maître qui est en train de proceder à une dégustation et…. explique lui même les méthodes de son maître ! on n’entend plus que les cris du paon chaque fois que notre hôte veut parler et le rire des clients devant la tête de ce dernier !!!

  4. J’imagine très bien, quel spectacle fabuleux et surréaliste non ? 

    Comme ici on veut bien déguster du Minervois en faisant une visite guidée par tes (très) bons soins, Mags…. on t’attend !!! (avec le Minervois).

  5. Proprietaire des paons, je souhaiterais que vous me contactiez ,car je prefererais que ces photos soient supprimees de votre site,je suis a votre disposition pour des explications. Merci et a bientot.
  6. AVIS: les trois photographies suivantes ont été supprimées par auffargis.com ce jour, 20 novembre 2006, sur demande expresse de leur propriétaire.

  7. Bonjour !

    Je voulais savoir si les ruines mentionnées sur geoportail.fr (ou sur la carte IGN Top 25 Forêt de Rambouillet) sous la croix St Jacques aux Vindrins, sont celles de ce fameux chalet ?

  8. C’est fort possible en effet. Le chalet a été totalement détruit à peine construit mais il se peut que quelques soubassement demeurent. A vérifier sur place à l’occasion d’une promenade…

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