Nous avions accès libre à la riche bibliothèque des parents, parfois avec explications ou mises en garde, principalement de la part de papa. Ce fut le cas quand je sortis des rayons « La Brière » d’Alphonse de Châteaubriant avec un « t » attention ne pas confondre. L’avertissement fut détaillé concernant l’intense compromission de l’auteur, pro-nazi assumé.

Je commençai donc avec réticence puis fus emportée par la magnifique écriture, le marais, la tourbe, la brume, les anguilles, les masures, les chalands glissants sans bruits, les oiseaux et les personnages âpres et prenants. Tellement que ce récit m’accompagne depuis des lustres et que je suis en train de le relire, lentement lentement pour avoir le temps de savourer chaque mot.
« Alphonse de Châteaubriant, auteur du célèbre « Monsieur des Lourdines », prix Goncourt 1911, est gravement compromis dans la propagande nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Son oeuvre va connaître un lent déclin vers l’oubli. « La Brière » publié en 1923 obtient le grand prix du roman de l’Académie française. Le duc François II de Bretagne a accordé en 1461 des droits de chasse, pêche, coupe de la motte et du roseau aux briérons. Ces droits ont été confirmés par lettres par Louis XVI en 1784. Aoustin, personnage principal du roman, est à la recherche de celles-ci à la suite de la menace de nationalisation de la Brière tout en parallèle voulant assouvir sa vengeance envers l’amant de sa fille.«
